Seul sur Mars, ou le techno-thriller de l’espace.

Cela fait quelques mois que tout le monde l’attendait en se frottant les mains. Aussitôt sorti en salles, le soufflé retombait déjà quelque peu. Le nouveau né de Ridley Scott, Seul sur Mars, est un techno-thriller spatial divertissant et sympathique, mais guère plus. Si les images sont éblouissantes et les situations intrigantes, le film manque cruellement d’humanité et emprunte l’autoroute de la dramaturgie scénaristique. Comme souvent chez Ridley Scott, tout est millimétré et rien ne dépasse des cadres, tant dans la composition de l’image que dans le comportement des personnages. Matt Damon, sourire ultra-bright et charisme au top, incarne un super astronaute dont rien n’ébranle l’optimisme. Rien, pas même la perspective de rester coincé seul sur l’inhospitalière planète rouge. Il faut dire que l’année dernière, l’acteur jouait déjà le rôle d’un astronaute perdu dans une galaxie lointaine pour Interstellar, de Christopher Nolan. Le type a l’habitude des situations critiques et des combinaisons style bonhomme Michelin.

Illus 3

Les personnages secondaires sont eux-aussi campés par des habitués du genre spatial, de la SF ou plus généralement des grands noms du cinéma américain actuel. C’est donc avec un plaisir relatif que l’on retrouve Jessica Chastain, Kate Mara, Jeff Daniels, Sean Bean et d’autres visages que l’on connait trop bien. Le jeu des acteurs est bon, mais clairement sous-exploité par l’intrigue et le réalisateur. A l’image du casting, l’intrigue est donc traitée d’une façon assez convenue. Si les situations ont un grand potentiel dramatique, la facilité avec laquelle les personnages les résolvent tendent à en dédramatiser les enjeux. C’est dommage. Le film en lui-même est une grande entreprise optimiste de dédramatisation, ce qui n’a rien de condamnable en soit mais qui a tendance à écraser n’importe quel enjeux, n’importe quelle tension. De même que le parti pris narratif qui nous montre Mark Watney élaborer ses plans et consigner ses exploits en vidéo. Car, oui, quand il ne disserte pas avec ses collègues sur Terre ou en mission spatiale, Mark monologue en prenant sa webcam à témoin.

Illus 2

Il y a dans Seul sur Mars une communication constante : monologues, dialogues, chansons disco. Tout ce verbiage désamorce également le drame de la situation et assomme le spectateur d’explications quelque peu redondantes. L’humour omniprésent a de quoi désarçonner le spectateur habitué à une science-fiction plus grave et symbolique.  En clair, le dernier Ridley Scott ne fait pas dans la dentelle. Seul sur Mars est un pur divertissement à prendre tel qu’il est : simple, spectaculaire et rythmé. N’y cherchez pas de réflexion approfondie sur le vertige métaphysique de l’homme face à l’espace, Ridley Scott n’a visiblement pas eu le temps de se pencher sur le fond.

Une réflexion sur “Seul sur Mars, ou le techno-thriller de l’espace.

Laisser un commentaire